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Début de l'Histoire de Mauves

Les historiens ne parlent guère de Mauves avant le XIIème siècle. Il est fort probable qu’avant cette époque, où la ville de Corbon était à son apogée, Mauves n’était qu’un faubourg de cette capitale de région.

Vers 1100, selon Bart, « Heuldegarde (Hildegarde) donna en présence de Geoffroy, Comte du Perche, de Béatrice, sa femmes, et de Rotrou, leur fils, aux religieux de l’abbaye de Saint-Denys de Nogent le Rotrou, un arpent de terre et sept arpents de prés, avec un moulin, sur la rivière d’Huigne (Huisne) près de Sainct-Pierre de Mauves »
En 1170, Julien, seigneur de Mauves, assista à la fondation du monastère du Val-Dieu (commune de Feings), joignant la forêt de Réno et qu’il fut un bienfaiteur de ce monastère.
Rotrou V, Comte du Perche, dans une charte datée de Mauves en 1189 écrite par son chancelier, Adam Losel, fait de nouveaux dons au monastère de la Trappe, tout en confirmant les dons octroyés par son père et ses vassaux tel que Robert Gruel, seigneur de Mortou, en Mauves.
L’abbaye de la Trappe possédait des biens sur Mauves, dont on ignore la situation et l’étendue.

Mauves était une des quatre Châtellenies du Corbonnais, avec un château fort appartenant aux Comtes du Perche, qui y faisaient quelques séjours.

Les habitants de Mauves jouissaient du droit de bourgeoisie, moyennant une redevance annuelle de douze livres envers les comtes du Perche; par cette redevance, ils furent déclarés francs, déchargés de péages coûtumes et autres.
Ils furent maintenus dans cette prérogative par un jugement rendu lors des Grands Jours du Perche, le 22 mars 1390, et aussi en 1392.
Il était , en outre, prélevé à Mauves, un droit de potelage (droit de prendre le premier pot de vin et de toutes autres boissons vendues en détail) ; le produit de cette redevance était affecté à l'entretien des murs du château-fort.
Le dernier de ces Comtes du Perche, qui terminait la lignée des Rotrou, fut Guillaume Rotrou, évêque de Chalons sur Marne, qui prit possession du comté avec sa nièce Hélisende de Rethel, Comtesse du Perche, lui donnant son appui en tant qu’oncle et tuteur, pour la simple raison que les femmes ne pouvaient régner tant qu’il y avait des mâles dans la lignée successorale.
Deux chartes de ce Comte furent établies et octroyées à l’abbaye de la Trappe, une en 1220, la deuxième en 1224, qui mentionnaient le nom d’Hélisende : « Du consentement d’Hélisende, Comtesse du Perche, conjointement avec nous ». Ces chartes mentionnaient des dons de terrains boisés à la dite Maison-Dieu.
Nous citerons également différents autres titres, délivrés en faveur des églises et monastères du Perche : des lettres patentes données en son château de Mauves en 1228, confirmant les dons faits par son aïeul Geoffroy IV à l’abbaye de la Trappe ; d’autres lettres patentes, en 1230, au château de Mortagne, par lesquelles elle ratifie les dons et privilèges octroyés par ses père et prédécesseurs au monastère de la Trappe, et à d’autres établissements religieux.

Monnaies Percheronnes de cette époque - Perticensis (1200-1225) (source CGB)

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Denier
Obole

Un doute subsiste sur la filiation d’Hélisende ; en effet certains pensent qu’elle était plutôt la veuve de Thibault (comte de Champagne) au lieu d’être sa fille.
Hélisende est restée célibataire jusqu’à sa mort vers 1257 ; elle avait, par son testament en 1226, à la période de la Régence de Blanche de Castille, institué Saint Louis héritier de son comté.

Le comté du Perche se retrouve donc réuni à la Couronne de France ; les comtes du Perche qui suivirent étaient membres directs ou apparentés à la maison royale. Ce domaine fut donné pendant environ quatre siècles aux Enfants de France. Entre 1226 et 1257, le fils de Philippe-Auguste, Louis VIII dit Cœur de Lion s’est emparé de la plus grande partie du Perche, y compris Nogent. C’est ainsi que l’on trouve Mauves partagé durant cette période entre Jacques de Château-Gontier et Thibault, comte de Champagne.
D’où la venue à Mauves, de Thibault, comte de Champagne, s’opposant à Saint-Louis.
Premier fait important d’histoire de notre village : Thibault est dans son château de Mauves, véritable forteresse, et se sent suffisamment invulnérable pour résister au roi Saint Louis.
Ce dernier ayant décidé de réduire les troupes de Thibault à merci, en fait le siège pour se rendre maître du fort.
Saint-Louis loge chez les Gruels et établit son quartier général dans le château des Gruels, situé sur une hauteur voisine et face au château de Mauves, celle de Mortous et séparée par l'Huisne.
De la butte de Mortous, il reste au cadastre la parcelle Le Parc, 474, section B.
Le château de Mortous appartenait à la famille des Gruels, seigneurs du fief de Mortous et connus dans le pays comme seigneurs de la Frette, en Saint-Victor-de-Réno, par suite d'un mariage avec Alice, la fille du sire de Saint-Victor.
De ce château de Mortous, le roi Saint Louis lança ses attaques sur la forteresse de Mauves et celle-ci tomba au pouvoir du roi en 1232, après un long siège qui ruina complètement la place et le bourg de Mauves.

Pendant son séjour à Mortous, Saint Louis rendit plusieurs ordonnances datées de ce lieu. Il expédia plusieurs lettres de confirmation et aumônes faites à plusieurs églises, entre autres à la Maison-Dieu de Mortagne, de trois charretées de bois par chaque semaine, pris en la forêt de Bellème pour le chauffage des pauvres de la dite Maison-Dieu.

En 1257, l'année où Guillaume le Gruel épouse Alice de Saint-Victor et quitte Mortous pour aller habiter au château de la Frette à Saint-Victor-de-Réno, Saint Louis comprend Mauves et Mortagne dans le domaine de Marguerite de Provence, sa femme.
En mars 1268, Saint Louis donna le fief de Mauves en apanage à son fils Pierre 1er, avec les fiefs de Mortagne, Bellême, La Perrière, Alençon, Essey et autres domaines.
Pierre, troisième fils de Saint Louis, comte du Perche, assigna en 1282, à Jeanne de Chatillon, son épouse, pour son douaire, la ville et la châtellenie de Mauves. Ce douaire de Mauves et ses dépendances était de deux mille livres parisis.

En 1288, six ans plus tard, Philippe le Bel révoqua cette assignation de douaire et garda pour lui le château de Mauves. Ce roi, neveu du comte Pierre, prétendait que le séjour de Mauves avait des charmes particuliers et donna en échange 500 livres parisis, sur le Temple, à Paris.

Ce fief fit ensuite partie de l'apanage de Charles de Valois, frère de Philippe le Bel, en 1290.
Il l'attribua aux enfants de Mahaut de Saint-Paul, sa troisième épouse.
Son fils aîné, Philippe qui régna sous le nom de Philippe VI ou de Valois, y renonça par lettres du 4 janvier 1312 et Charles donna alors le fief de Mauves à son épouse Mahaut.

Après 1336, la population de la contrée fut durement éprouvée par les différents événementsqui survinrent: les batailles de Crécy (1346) et de Poitiers (1356), la peste meutrière de 1348, l'hiver désastreux de 1363, les brigandages des Grandes Compagnies.
Le 4 octobre 1364, le château-fort de Mauves fut pris par Robert Secot, du parti anglais et le garda quelques jours.
Pour peindre l'état de dévastation de cette époque, on signale la désertion presque totale des régions envahies, et que l'on trouvait à peine la trace des chemins.

Cent ans après, vers 1450, nous retrouvons encore les anglais dans la région. Durant cette période, nos populations eurent à subir les plus cruelles atrocités.
Les Anglais qui ont demeuré au fort de Mauves, ont mis à mort plusieurs personnes; à plusieurs, ils ont coupé les poings, par quoi il n'y avaient peu de gens qui restaient à la dite chatellenie, beaucoup s'étaient enfuis et avaient quitté le pays.
Le fermier de l'imposition, levée pour la délivrance du roi, expose aux Trésoriers Généraux de Paris que les fort et ville de Mauves qui étaient la meilleure partie du revenu de la ferme, avaient été pris et occupés par les Anglais, qui avaient fait mourir plusieurs gens; la ferme n'a donné que peu ou rien, le fermier demande une remise.
Le vicomte du Perche, Pierre Comterel, fut chargé de faire une enquête d'information. Dix témoins, parmi lesquels Jehan et Guillaume Gruel, furent entendus, et Pierre Comterel donna un avis favorable.
Bellême fit la même supplique, en raison que par l'occupation du fort de Mauves par les Anglais, personne n'est venu dans la ville de Bellême apporter du blé.
C'est en novembre 1449 que le duc Jean entra dans le Perche, avec une armée de 3.000 hommes, pour reprendre les places occupées par les Anglais.
On peut rapporter ici l'anecdote du dernier combat pour la libération de Mortagne, selon G. Trolet, Histoire du Perche:
L'anglais qui défendait Mortagne et Bellême s'appelait Mathieu Got. Il avait installé à Mortagne une assez forte garnison, et faisait même des sorties pour repousser les troupes du duc Jean. Néanmoins, se rendant compte de l'inutilité de ses efforts, il promit de capituler s'il ne recevait pas de secours. Ce qui fut fait au jour convenu, mais il obtint de pouvoir partir avec sa garnison. Le duc poussa l'obligeance juqu'à accorder aux vaincus, une escorte. Après avoir traversé le village de Besdon, près de Saint-Hilaire, les Français prirent congé des Anglais. Les deux troupes venaient de se séparer quand le bruit effraya un lièvre. Les Français le poursuivirent à coup de flèche, mais les Anglais crurent qu'on les attaquait et firent volte-face et chargèrent. L'escorte des Français était bien inférieure en nombre et aurait péri en totalité, si l'on n'était accouru de Mortagne à leur secours. Les Anglais prirent la fuite en laissant quelques morts. Un soldat se cacha dans un orme creux et son squelette fut retrouvé 150 ans plus tard! Une chapelle fut élevée sur le lieu du combat: Mariette de Besdon. Ce dernier combat marqua la fin de la guerre de Cent ans dans le Perche.

Vers 1470, on signale que le seigneur de Landres, était Geoffroy de Chiray, fils d'un bourgeois de Mauves, qui avait fait fortune dans les fournitures des hommes d'armes de Charles XII.

Puis, vers 1505, fut l'époque où Marguerite de Lorraine. fit construire son manoir avec les ruines du château-fort et habita Mauves pour y élever ses enfants.

Ce fut également l'époque de Jehan Goëvrot, Médecin à Mauves et du roi François Ier.

Avant François Ier (1494-1547), aucun acte authentique ne constatait la naissance et le décès des citoyens. Pour y remédier, le roi régla que les curés tiendraient d'abord un registre exact du baptême des enfants, indiquant le jour et l'heure de leur entrée dans la vie. Peu après, une autre ordonnance prescrivit la même mesure pour les mariages et les décès.
Après la Révolution de 1789, la législation chargea les Agents civils, puis les Maires, de la rédaction des registres de l'état-civil des citoyens, conformément à la loi du 20 septembre 1792.

Un peu plus tard, Charles IX (1550-1574), fixa au premier janvier le commencement de l'année, qui auparavant, commençait à Paques.
Entre 1550 et 1569, ce fut la période des guerres de religion entre le roi Charles IX et les catholiques d'un coté et les réformés avec Louis de Bourbon, prince de Condé de l'autre. En 1569, Mortagne tombait pour la troisième fois aux mains des huguenots qui incendièrent la ville. Quelques mois après, Condé fut assassiné à la bataille de Jarnac et cela mit fin temporairement aux hostilités. Un évêque, Renaud de La Beaume, est nommé par François de Valois, pour prendre en som nom, possession du Perche.
Mais le 24 août 1572, le massacre de la Saint-Barthélemy rouvrit les hostilités. La campagne n'était plus sure; les huguenots faisaient une guerre d'embuscade. Ainsi, le bailli du Perche, Jacques Courtin fut assassiné en traversant la forêt de Bellême.
Encore une fois, durant les trente ans qui suivirent, jusqu'au sacre d'Henri IV, en 1594, les alternatives de prise et de reprise de la ville de Mortagne, vingt-deux fois en trente ans, ont fait que cette ville a sans doute le plus souffert de toutes les cités françaises, de ces guerres de religion.
On dit qu'il y avait plus de ruines dans le Perche, après les guerres de religion, que pendant la guerre de Cent ans. Notamment, les reitres, qui étaient des cavaliers allemands à la solde des protestants, étaient réputés pour leur barbarie féroce.

Double tournois Louis XIII
1639? (collection Yves Richet)



Durant le règne d'Henri IV, puis celui de son fils, Louis XIII, le Perche connut une période tranquilité. On peut noter qu'en 1620, Louis XIII passa quelques jours à Mortagne et signa un édit contre les mécontents.





La disparition de Louis XIII et du cardinal de Richelieu amena une nouvelle guerre civile: la Fronde. Bien que moins sanglant que les guerres de religion, le Perche a néanmoins encore été pillé et incendié durant quatre années. Les autres guerres de Louis XIV n'ont pas touché directement le Perche, mais en réquisitionnant les vivres, il en résulta des famines, notamment en 1648 et 1662. La terre ne nourissant plus ceux qui la cultivaient, certains Percherons s'embarquèrent à cette époque pour la Nouvelle-France. Un premier voyage au Canada eut lieu en 1634.
Une autre vague d'émigration eut lieu vers la fin du XVIIème, début XVIIIème siècle.
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